TAILHADES Edgar, Armand, Louis. Né le 12 janvier 1904 à Riols
(Hérault), mort le 23 juin 1986 à Nîmes (Gard) ; avocat ; militant du Parti
socialiste SFIO puis du Parti socialiste ; maire de Nîmes (1947-1965) ; conseiller
de la République et sénateur du Gard (1948-1986) ; président du conseil régional
du Languedoc-Roussillon (1974-1983) Edgar Tailhades est né
le 12 janvier 1904, à Riols petite bourgade à
l’ouest de l’Hérault dans la vallée du Jaur,
d’Edmond Tailhades et de Berthe Louise Bladié. Son grand père était un petit artisan du textile,
mais son père, Edmond entra dans l’enseignement d’abord comme surveillant
d’étude puis surveillant général au lycée de garçons de Nîmes. En suivant la carrière
de son père, Edgar Tailhades fit ses études
secondaires au lycée d’Alès, puis de Nîmes où il fut le condisciple de Gaston
Defferre*, puis obtint une licence et un doctorat en droit à la faculté de
Droit de Montpellier en même temps qu’une licence d’espagnol à la faculté des
Lettres. Il prêta serment au barreau de Nîmes le 5 septembre 1925 et fut
inscrit au barreau de l’ordre des avocats près de la Cour d’appel de cette
ville le 1er octobre
1928. Il plaida dans diverses affaires criminelles et ayant eu à défendre
comme commis d’office parmi ses premières causes un prévenu qui fut condamné
à mort, il eut très tôt une vive répugnance pour la peine de mort. Il se
maria à Beaucaire le 10 avril 1935 avec Juliette Alberte Landré,
née le 16 février 1915 à Marseille (Bouches-du-Rhône), fille d’un industriel beaucairois,
dont il eut une fille, Françoise. Ayant divorcé de celle-ci le 4 janvier
1939, il se remaria pourtant avec elle le 3 juillet 1954, mais elle mourut
peu après d’un cancer et E.Tailhades se maria à
nouveau plus tard le 20 septembre 1968 à Riols avec
Georgette Chinour née le 7 juillet 1926 à
Chancelade (Dordogne). En 1926, E. Tailhades
s’inscrivit au Parti socialiste et fut secrétaire général de la Fédération
des Jeunesses socialistes du Sud-Est. Le 2 juin
1929, il fut élu pour Nîmes au bureau fédéral de la SFIO du Gard. Il fut élu
au conseil municipal de Nîmes en 1935 sur une liste socialiste dirigée par
Hubert-Rouger* et devint quatrième adjoint. Pendant
la guerre, d’après le témoignage de son ami, Jean Bastide, il n’adhéra pas au
pétainisme. Son activité de résistance au sein du mouvement Combat fut
—semble-t-il— assez modeste. Cependant il dut quitter Nîmes momentanément
pour échapper à un internement administratif. À la Libération, E. Tailhades profita de l’effacement forcé d’Hubert-Rouger qui avait voté les pleins pouvoirs à Pétain et
devint le principal leader des socialistes nîmois. Il fut élu au conseil
municipal de Nîmes en 1945 au sein d’une municipalité dirigée alors par le communiste
Léon Vergnole. Aux nouvelles élections de 1947, les
socialistes n’obtinrent que quatre sièges au conseil contre quinze aux
communistes, quinze au RPF et trois au MRP. Dans le cadre de la guerre froide
qui commençait, E.Tailhades s’unit à la droite et
au centre pour évincer les communistes de la mairie et fut nommé maire. Il
maintint cette alliance aux élections suivantes (1953, 1959) et accomplit
ainsi trois mandats municipaux. En 1965, ayant poursuivi la même tactique,
faute d’avoir perçu —semble-t-il— que l’heure était désormais plutôt à
l’union de la gauche, et sa gestion municipale étant de plus en plus
contestée (voir ci-dessous), il fut battu par une alliance de gauche
(communistes, socialistes dissidents, PSU ) qui
obtint 19753 voix contre 18598 au maire sortant et il dut céder la mairie à Émile
Jourdan* (PC). E. Tailhades occupa
d’autres mandats électifs. En 1948, il fut élu conseiller de la République,
puis après 1958, sénateur et le demeura jusqu’à sa mort en 1986. En 1974,
après le décès brutal de Francis Vals*, président du Conseil régional du
Languedoc–Roussillon, il le remplaça à ce poste (élu par 53 voix sur 54
votants) jusqu’en 1983, date à laquelle Robert Capdeville*
lui succéda. En tant que magistrat municipal, E. Tailhades marqua la vie de Nîmes. Il héritait d’une ville
à l’habitat vétuste et au territoire très étendu, qui tendait pourtant à
s’urbaniser par suite de l’augmentation de la population. Il élargit l’aire
de l’alimentation en eau potable, améliora les voies de communication ainsi
que les transports urbains, contribua à l’installation d’un marché-gare. En
même temps, pour développer le tourisme, il favorisa l’aménagement de
l’aéroport de Nîmes-Garons. De nouveaux ensembles d’habitation furent mis en
place (Chemin Bas d’Avignon, puis Mas de Mingue, ce
dernier construit pour l’arrivée des rapatriés en 1962).Mais le projet, trop
ambitieux et coûteux au départ, de construction d’une ZUP Nord et Sud à
l’Ouest de la ville, se heurta à l’opposition des mazetiers
expropriés et contribua à sa défaite électorale en 1965. Parallèlement
l’explosion scolaire, qui marqua l’après guerre, amena E. Tailhades
à construire de nombreux groupes scolaires primaires et deux lycées féminins,
un d’enseignement général (Montaury, devenu Albert–Camus) l’autre technique (Camargue devenu Ernest–Hemingway) et même à mettre en place un début
d’implantation de l’enseignement supérieur. Au Conseil de la République puis au Sénat, Edgar Tailhades siégea d’abord à la commission de la
reconstruction et des dommages de guerre (1949) puis en 1959 à la commission
des affaires culturelles et à la commission des lois et du suffrage
universel. Le Sénat étant majoritairement à droite, il assuma le rôle de
parlementaire d’opposition, intervint à de nombreuses reprises pour la
défense du bassin houiller des Cévennes (2 avril 1977 ; 4 novembre 1980) et
l’amélioration de la situation des viticulteurs notamment après le drame de Montredon en 1976, ainsi que pour la modernisation du
canal du Midi. Ses interventions furent nombreuses dans le domaine de
l’enseignement et surtout de la justice (dénonciation de l’insuffisance des
crédits du ministère (20 novembre 1973) défense de l’indépendance des
magistrats (22 juin 1976) , demande de suppression de la cour de sûreté de l’État
(18 juin 1970) opposition au durcissement du code de procédure pénale (19
octobre 1978).Quand la gauche arriva au pouvoir après 1981, il fut chargé par
Pierre Mauroy* d’une mission concernant la modernisation de la justice qui
remit son rapport en 1985. Président du conseil régional, dont les pouvoirs
étaient alors fort limités, E. Tailhades s’intéressa
au réseau routier, à l’aide au tourisme, à la démoustication et favorisa la
création d’un centre de thalassothérapie au Grau-du-Roi (Gard), soutint
diverses initiatives culturelles. En tant que militant socialiste, E. Tailhades ne fut pas un homme d’appareil, ni un théoricien.
Il vota toujours avec la majorité du groupe socialiste fidèle à Guy Mollet.
Après 1958, il ne soutint pas ses amis Daniel Mayer* et R.Verdier*
qui fondèrent le PSA. Orateur distingué et cultivé, E. Tailhades
bénéficiait d’un certain prestige dans les milieux intellectuels nîmois grâce
à son coté un peu esthète, de « grand seigneur » (Jean Carrière). Il fut
membre de l’Académie de Nîmes à partir de 1952 et la présida temporairement
en 1970. Il y présenta un certain nombre de communications, soit générales («
Vision de Nîmes », 1969 ; « Hommage à Guizot », 1975 ; « Présentation de la
région Languedoc-Roussillon », 1976 ; « Abolition de la peine de mort »,
1982, soit plus érudites. Il décéda à Nîmes dans la nuit du 22 au 23 juin
1986 et fut inhumé à Riols, dans le caveau de sa
famille. SOURCES : Arch. nat. F7 / 13082.— État civil, Riols, Beaucaire. — Pierre Bosc,
Les notables en questions, Presses du Languedoc, 1975, p 322-331 (photo). — Serge Velay (dir.), Visas
pour le Gard, Nîmes, Conseil général du
Gard 2006, p.345 (photo). — Roland Andréani (dir.), Histoire
de Nîmes, Toulouse, Privat, 2005, p.
254-258. — Raymond Huard, Jean Pey, Mireille Tailland-Nomen, Nîmes, tome 2, 1950-1980, Saint–Avertin,
Alan Sutton, 2006, 128 p. (portrait). — Serge
Velay, La cravate d’éternité.
Fragments, Nîmes, Lacour, 1986, 47 p.
(témoignage d’un de ses collaborateurs) ; Un
libéral un humaniste Edgar Tailhades 10[12] janvier
1904- 23 juin 1986. Nîmes, Lacour, 1991 (le
volume rassemble divers hommages à E. Tailhades). Raymond HUARD (avec la collaboration de Patrick
VAZEILLES et Serge VELAY) |